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Themes: History
Wednesday, September 5, 2012

Le 6 et le 9 août 1945 furent pour beaucoup la démonstration ultime de la terreur. De quoi étaient capables les hommes de ce monde ? Encore aujourd’hui, nous gardons en mémoire la vie de tous ces gens qui furent emportés dans l’au-delà. Une stupide création de l’Homme avait anéanti toute une génération de familles, des souvenirs d’une existence paisible ainsi que le refuge de millions de gens. 

Parmi eux, certains survécurent, appelés les « Hibakusha » (littéralement « Victime de la bombe »). Une des « victimes de la bombe » se prénommait Sadako Sasaki. Née le 7 janvier 1943, Sadako était une jeune fille japonaise dont la vie avait été bouleversée par la déflagration de la bombe. Habitant à deux kilomètres du lieu de l'explosion, son corps avait été exposé à une forte radiation.

Durant la décennie qui suivit, Sadako semblait pourtant être en bonne santé. Elle était heureuse et allait à l’école comme tous ses camarades. Elle participa même à des compétitions de course à pied, et permit à son équipe de gagner. Mais à la fin d'une de ces courses, elle fut subitement prise de vertiges. Pensant tout d'abord qu'il s'agissait d'une simple fatigue, elle ne s'inquiéta pas outre mesure. Au fil des jours, ces vertiges se firent de plus en plus réguliers, et l'inquiétude s'empara d'elle et de son entourage. Puis vint un jour de classe où elle s'effondra en présence de ses camarades, et ne parvint plus à se relever. L'inquiétude laissa place à la frayeur lorsque, à l’hôpital de la Croix-Rouge, elle apprit qu'elle était atteinte d'une maladie : la leucémie. Cette même maladie qui avait déjà décimé nombre de rescapés de la bombe atomique.

Désormais alitée à l'hôpital, elle reçut la visite de son amie Chizuko qui vint lui apporter un origami représentant une grue. Chizuko lui raconta alors la légende des 1000 grues. L'histoire raconte que la grue, l’un des plus gros oiseaux au monde, pouvait vivre pendant 1000 ans, et que celui ou celle qui plierait 1000 grues en origami se verrait réaliser son rêve. Le seul rêve de Sadako était de guérir pour reprendre sa vie d'avant et courir avec ses amis. Sadako entreprit donc la tâche de réaliser 1000 grues en papier, parfois aidée de ses parents. Le cœur empli d'espoir, cette légende était devenue une raison de plus de se battre.

Toutefois, cette version de l'histoire se révèle être une déformation liée à la parution de livres ou de contes sur le sujet, et ne reflète pas les faits avec exactitude. Si l'on observe par exemple le prénom de Chizuko dans sa forme japonaise (千鶴子), on constate que les kanji qui le composent signifient littéralement « Enfant des mille grues ». Cette amie n'aurait en fait jamais existé. L'idée de Sadako de réaliser des grues en origami serait née suite à la rencontre d'un autre patient dans l'hôpital qui aurait reçu des grues en papier. La précision est importante, mais la finalité reste la même, la guérison.

Voici un lien vers le site tenu par la famille de Sadako où il est possible de faire la distinction entre l'histoire contée et la véritable histoire : http://www.sadako-jp.com/sadako.html

Sadako Sasaki mourut à l’âge de 12 ans, le 25 octobre 1955. On raconte qu'elle aurait eu le temps de réaliser 644 grues, et que les élèves de sa classe auraient achevé le travail à sa place (en réalité, Sadako serait parvenue à plier plus de mille grues). Ils auraient alors déposé les guirlandes de grues colorées près de sa tombe, les laissant flotter au vent. Après sa mort, ses camarades récoltèrent auprès de plus de 3 000 écoles dans 9 pays différents une somme assez importante pour construire une statue en mémoire de Sadako et des victimes de la bombe. La grue en papier devint un symbole de paix au Japon. Encore de nos jours, des écoliers de tout le pays effectuent des sorties scolaires à Hiroshima, et viennent se recueillir pour y déposer des grues en origami.

En vous rendant à Hiroshima, vous pourrez observer la statue de Sadako Sasaki tenant dans ses mains ouvertes une grue géante en or, et ornée de guirlandes multicolores. Au pied de la statue, vous pourrez lire : « Ceci est notre cri. Ceci est notre prière. Paix dans le monde ». Ces mots ont été écrits par les élèves de sa classe.

De nombreux films et livres parurent par la suite, d'où certaines déformations de l'histoire. Dans l’une de ces versions, Sadako aurait composé un Haiku (poème japonais) :

J’écrirai la paix sur vos ailes,
et vous volerez autour du monde,
pour que les enfants ne meurent plus.

De nombreux enfants du monde entier envoient chaque année des guirlandes de grues à Hiroshima pour qu'elles soient disposées autour de la statue de Sadako. Si vous aussi avez été émus par l'histoire de Sadako, vous pouvez faire de même et envoyer vos grues à l’adresse suivante :

Peace Promotion Division
The City of Hiroshima
1-5 Nakajima-cho Naka-ku,
Hiroshima 730-0811 Japan

 

Son histoire traversera les générations. L'émotion suscite le partage. Et le partage profite à toutes les générations.


Crédits photos:

Written by Xehanort

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