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Saturday, January 17, 2015

 

Ces portails traditionnels japonais appelés Torii peuvent se trouver à l'entrée des multiples temples shintoïstes parsemés ici et là au Japon, mais également à l'entrée de temples bouddhistes car les temples des deux religions étaient souvent regroupés jusqu'à l'avènement de l'ère Meiji. Ils peuvent également se trouver au milieu de "nulle part'', tout simplement parce que ce qui suit est sacré. Exemple : une montagne sacrée.

Leur présence est très symbolique, elle permet de délimiter le monde physique du monde spirituel, en d'autres mots le monde profane et le monde sacré. Ainsi, si l'on entre dans un temple en traversant un portail, il est obligatoire de le franchir de nouveau en partant. C'est la raison pour laquelle de nombreux japonais ne les traversent pas s'ils ne sont pas sûrs de pouvoir y repasser au retour. Dans le bouddhisme, on appelle le champ de force protecteur (monde spirituel en somme) "Kekkai" (結界).

Bien que traditionnellement fait de pierre et de bois, il n'est pas rare de nos jours d'en avoir en cuivre, en acier ou encore en béton armé. Ensuite, ils sont laissés tels quels ou bien peints d'une couche de vermillon, un rouge éclatant. Il est dit que cette couleur repousserait les mauvais esprits, en plus d'aider utilement à lutter contre la corrosion.

Les Torii seraient apparus pour la première fois au Xème siècle durant l'ère Heian. C'est en tout cas la première fois dans l'histoire du Japon qu'un tel portail est mentionné. Cependant, il est difficile de dire si c'est un concept provenant de l'étranger ou bien uniquement japonais. Les spécialistes eux-mêmes ont différentes théories à ce sujet. Certains pensent que ce n'est que l'évolution d'un système de portail séparant les lieux sacrés utilisé par les tribus indigènes (à la base c'était une corde et deux poteaux, pour en arriver à une porte et deux piliers). D'autres pensent qu'ils auraient pu, à l'instar des "Paifang" (style de portail traditionnel chinois), avoir été inspirés par les "Torana", un type de portail vu dans l'architecture hindouiste et bouddhiste du subcontinent indien. Il existe des structures similaires en Thaïlande et en Corée, aussi apparentées aux Torii japonais.

Pourtant il existe bel et bien un mythe propre au Japon qui raconte l'origine des Torii :

Le monde fut plongé dans l'obscurité et le chaos. La cause ? La colère d'Amaterasu, la Déesse du Soleil, qui l'amena à s'enfermer dans la grotte du Paradis (ama no iwato). Pour empêcher cela, les Dieux réfléchirent à une solution et installèrent des coqs sur un perchoir devant l'entrée de la grotte pour que ceux-là chantent pour toujours. La Déesse du Soleil, finalement intriguée par ces chants quitta sa cachette et ainsi la lumière réapparut dans le monde extérieur. Les gens auraient décidé par la suite de construire des perchoirs à oiseaux devant l'entrée des sanctuaires.

Vous aviez sans doute remarqué que le kanji de l'oiseau se retrouve justement dans le mot "torii". La traduction littérale étant "perchoir à oiseaux / là où sont les oiseaux'' en raison de la présence du kanji "oiseau" (鳥) et "iru" (居) (être, se trouver quelque part). Mais il est possible d'assimiler ce mot comme "tori iru'' (passer à travers et entrer). Pour justifier la première option, beaucoup justifient leur choix en évoquant le fait que l'oiseau et la mort ont longtemps eu un lien très fort, que l'on peut retrouver dans certains textes japonais classiques.

Il existe de nombreux types ou variantes de Torii, selon plusieurs critères : par exemple l'inclinaison des poteaux (hashira), selon si les linteaux supérieurs (kasagi) sont droits ou incurvés, si une partie entre le linteau inférieur (nuki) et supérieur (kasagi) est présente ou non, etc. Les deux types les plus connus sont les shinmei torii (神明鳥居) et les myôjin torii (明神鳥居), respectivement torii droit et torii recourbé. Le type "shime" ou "chîren" a la particularité d'avoir une corde suspendue aux deux poteaux. Les variantes ne sont pas en reste car il en existe une multitude, que ce soit pour les shinmei torii ou pour les myôjin torii:

DroitsRecourbés
Kasuga torii (春日鳥居) Inari torii (稲荷鳥居)
Hachiman torii (八幡鳥居) Ryōbu torii (両部鳥居)
Kashima torii (鹿島鳥居) Sannō torii (山王鳥居)
Ise torii (伊勢鳥居) Miwa torii (三輪鳥居)
Kuroki torii (黒木鳥居) etc.
etc.  

 

(shinmei torii - torii droit, photo extraite d'une vidéo youtube)


(myôjin torii - torii recourbé, photo extraite d'une vidéo youtube)

(célèbre torii de l'île Miyajima, photo de Jordy Meow sous Creative Commons)

(tunnel de Torii, sanctuaire Fushimi Inari-Taisha, Kyôto, photo prise par moi-même)

(photo prise par moi-même)

Je suis sûr que la prochaine fois que vous irez au Japon, vous analyserez plus subtilement ces portails traditionnels japonais. Et n'oubliez pas que si vous les franchissez, vous devrez alors les refranchir au retour !

Written by Xehanort

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